Savoir offrir, savoir recevoir

Offrir est un concept aussi vieux que le monde, que ce soit un échange volontaire obligatoire par tradition comme lors des fêtes de fin d’année ou que le geste soit spontané, ce rituel rythme nos vies et nous apporte un certain plaisir d’offrir ou de recevoir. Certaines questions sont pourtant soulevées par ce geste aussi allégorique que significatif notamment, pourquoi offrir, quelles sont les occasions propices à cet acte et la notion du « savoir recevoir » ?

L’affectif au premier plan

Le cadeau au-delà de l’obligation sociale d’offrir à un instant précis est bien une preuve et un témoignage d’amour et de considération. Si les philosophes rapportent le fait de donner aux instants primaires que sont la donation nécessaire de nourriture de la mère à l’enfant, nous n’irons pas si loin et resterons au fait qu’offrir soit le fait de satisfaire une envie ou un besoin de la personne recevant le présent tout en tirant une certaine satisfaction dans le geste d’offrir. Rappelons que dans la culture judéo-chrétienne, le don se doit d’être gratuit et désintéressé, c’est là que le geste d’offrir trouve tout son sens, le plaisir de faire plaisir. L’offrande sans demande de retour et sans recherche de retour sur investissement est une manière de symboliser l’affection que nous avons pour une certaine personne, le cadeau possède une âme et se pose comme le porte étendards de votre pensée silencieuse. Cela étant, le cadeau symbolise aussi celui qui le reçoit, c’est pourquoi, un cadeau « raté » peut être interprété comme une mauvaise connaissance de cette personne car, nous n’avons pas été capable de présumer correctement ses goûts. Si offrir peut être à la fois source de joie et de peine c’est bien que l’affectif des deux parties entre en jeu.

Dis-moi ce que tu offres, je te dirai qui tu es

Offrir est un enjeu bien plus lourd de conséquence que ce que nous pouvons le croire de prime abord. Offrir détermine sa propre valeur, mais aussi la valeur accordée à autrui ainsi, si le donateur fait étalage de sa générosité, si celle-ci n’est pas perçue correctement par le receveur alors celui-ci peut être vexé ou même blessé. En psychanalyse, des études montrent que le type de cadeau offert peut déterminer qui nous sommes. Ainsi, une personne qui n’offre jamais ne cache pas forcément une mouche dans son porte-monnaie mais peut-être n’ont-ils pas confiance en leur capacité à être généreux, peut-être ont-ils peur de décevoir alors qu’une personne qui offre des objets qui lui ont manqués, cherche probablement à combler une déception antérieure qui l’a marqué à un moment maintenant révolu. L’histoire est toujours le témoin immuable des comportements sociaux, si l’empereur Caligula faisait pleuvoir des cadeaux sur la foule, votre ami vous offrant des cadeaux magnifiques n’est-il pas désireux de prendre l’ascendant sur votre personne ou celui qui vous offre un bon d’achat n’est-il pas, paresseux à la recherche de la facilité, mais bien trop pudique pour se permettre de tomber à côté. Il est difficile de juger une personne sur le cadeau qu’elle fait et en définitive si l’intention y est, n’est-ce pas le plus important ?

Moment requit ou simple envie

Certains évènements sont incontournables pour offrir des cadeaux de toutes sortes, les fêtes de fin d’année avec Noël est un rituel quasiment obligatoire et les cadeaux en sont le langage principal au-delà même de l’aspect familial de cette réunion annuelle. D’autres évènements, principalement commerciaux comme la Saint-Valentin, la fête des mères, des pères ou des évènements traditionnels comme les anniversaires ou les naissances sont autant de dates opportunes pour donner. Admettons qu’offrir des cadeaux soit une manière d’être heureux alors, pourquoi ne pas renforcer les liens familiaux, amicaux et sociaux qu’à certaines dates alors que le bien-être psychologique peut être acquis sans moments obligatoires ou astreintes commerciales. De plus, recevoir des cadeaux qu’à des dates précises marginalise le bien-être et l’assujettit à un espace temporel définit et immuable tandis que recevoir un peu aléatoirement serait une façon plus prolifique et plus jubilatoire de recevoir avec un facteur « surprise » décuplé.

Offrir et recevoir sont donc des actions ayant un impact direct sur le bonheur et cela non seulement lors des évènements prédéfinis cités précédemment, que ce soit des cadeaux « matériel », du consommable créant des souvenirs impérissables ou encore des cadeaux personnels, ces oboles vont bien plus loin que le simple plaisir de consommer, d’offrir ou de recevoir.